Aussi complexe que puisse être une situation de surendettement, il est fortement conseillé de ne pas agir dans l’urgence. Avant d’envisager une opération de rachat de crédit sur long terme qui impactera fortement le coût final, il est préférable d’envisager au préalable d’autres solutions.
Ce qu’il faut faire avant de réaménager vos dettes
Avant d’entamer une opération de restructuration destinée à rallonger la durée des emprunts en cours, nous vous conseillons de suivre les étapes suivantes.
Négocier avec les créanciers
Tout dépend bien sûr de la nature et de l’importance des dettes, mais l’expérience nous prouve qu’il est possible dans bien des cas d’en négocier une partie à l’amiable.
- Les dettes fiscales : contrairement aux idées reçues, l’administration se montre en général conciliante envers les contribuables en difficultés. Proposez un étalement raisonnable des dettes sur 6 ou 12 mois par exemple.
- Les prêts immobiliers : ils permettent souvent de moduler les échéances à la baisse, voir de les suspendre pendant un an.
- Les factures impayées : lorsqu’elles proviennent de sociétés nationales (gaz, électricité, eau….) tentez de proposer un échéancier de remboursement sur plusieurs mois. Vous pouvez le faire également les loyers en retard même si cela sera plus difficile si vous avez affaire à un propriétaire privé.
- Les découverts bancaires : tentez de discuter avec votre conseiller pour prolonger la durée du découvert bancaire autorisé et essayez de faire baisser le taux des agios.
Monter un dossier de surendettement à la Banque de France
Le soutien de la commission de surendettement de la Banque de France peut s’avérer fort utile pour négocier un échelonnement des dettes avec vos créanciers. Même si déposer un dossier entraine automatiquement l’inscription au FICP, vous bénéficierez d’une aide appréciable, à condition que votre demande soit jugé recevable.
Exemples chiffrés d’étalement sur 10, 12 et 15 ans
Si aucune solution n’est retenue, il est temps d’envisager une mesure plus radicale. Les analyses qui suivent vont vous montrer le double impact d’un rachat de crédit sur long terme.
- Sur les mensualités et le pouvoir d’achat.
- Sur le coût final des emprunts renégociés.
Pour cela, nous allons étudier un cas concret et prendre en exemple un ménage en situation de surendettement après l’enchainement de plusieurs crédits. Le couple gagne correctement sa vie avec des revenus de 3000 € par mois (allocations familiales incluses) et ont trois enfants à charge. Ils sont propriétaire de leur logement depuis mai 2010.
La situation du ménage avant toute intervention
Avant que le couple envisage de racheter l’ensemble des crédits sur une longue durée, sa situation financière était la suivante :
Type de dettes | Dated’ouverture | Durée initiale | MontantEmprunté | Taux avecassurance | Mensualité | Capital restant dû | Coût total si la situation reste en l’état (mensualité * nombre de mois restants) |
Prêt immobilier | mai 2002 | 20 ans | 150 000 € | 4,46% | 962 € | 90138 € | 962 * 120 = 115 440 € |
Crédit auto | mars 2011 | 4 ans | 12 000 € | 6% | 285 € | 8853 € | 285 * 45 = 12 825 € |
Crédit révolving 1 | mai 2011 | 24 mois | 5 000 € | 19,20% | 250 € | 2526 € | 250 * 12 = 3 000 € |
Crédit révolving 2 | déc. 2011 | 24 mois | 3 000 € | 18% | 250 € | 2347 € | 250 * 19 = 4 750 € |
Découvert autorisé | sept. 2011 | – | – | 13% | 66 € (1) | 1400 € | 66 * 24 = 1584 € |
Factures à régler | Janv. 2012 | – | – | – | 100 € | 1200 € | 1200 € (2) |
Totaux | – | – | – | – | 1913 € | 106 464 € | 138 799 € |
(1) : dans l’hypothèse où le ménage comble le découvert autorisé sur une durée de 24 mois en payant mensuellement les agios à la banque.
(2) : concernant les factures à régler, on part du principe que les créanciers n’exigent pas d’intérêts de retard. On calcule la charge avec un étalement sur 12 mois.
Evolution de la situation du ménage
Date | Mensualités | Taux d’endettement | Reste à vivre |
Mai 2010 | 962 € | (962 € X 100) / 3000 = 32,07% | 3000 – 962 = 2038 € |
Mars 2011 | 1247 € | (1247 € X 100) / 3000 = 41,57% | 3000 – 1247 = 1753 € |
Mai 2011 | 1497 € | (1497 € X 100) / 3000 = 49,90% | 3000 – 1497 = 1503 € |
Septembre 2011 | 1747 € | (1747 € X 100) / 3000 = 58,23% | 3000 – 1747 = 1253 € |
Décembre 2011 | 1813 € | (1813 € X 100) / 3000 = 60,43% | 3000 – 1813 = 1187 € |
Janvier 2012 | 1913 € | (1913 € X 100) / 3000 = 63,77% | 3000 – 1913 = 1087 € |
On remarque qu’à partir de 2011, la situation du ménage n’a cessé de se dégrader, le couple enchainant les emprunts pour l’achat d’un véhicule tout d’abord puis avec les deux crédits renouvelables. Malgré que les revenus soient restés stables, le ratio d’endettement est du double de celui autorisé à plus de 63%, tandis que le reste à vivre a été divisé par deux, passant de 2038 € à 1087 €. Sans trésorerie, le ménage se voit contraint d’opter pour un rachat des prêts sur une longue durée.
Nous imaginons qu’ils réalisent l’opération au 1er mai 2012.
Nous allons mesurer l’impact de l’opération sur des durées de 10, 12 et 15 ans. La première ligne englobe le prêt immo dans l’opération. Dans la seconde, seuls les prêts à la consommation font l’objet de la renégociation.
Opération sur 120 mois
Capital emprunté (1) | Taux avec assurance | Nouvelle mensualité | Gain en pouvoir d’achat | Nouveau ratio d’endettement | Nouveau coût de crédit |
109 168 € | 8,36% | 1357 € | (1913-1357) = 556 € | 45,23% | 1913*120=229560€ |
16 326 € | 8,36% | 203 € | (1913-(962+203)) = 748 € | 38,83% | (203*120)+ 115440 = 139800 € |
Opération sur 144 mois
Capital emprunté (1) | Taux avec assurance | Nouvelle mensualité | Gain en pouvoir d’achat | Nouveau ratio d’endettement | Nouveau coût de crédit |
109 168 € | 8,36% | 1214€ | (1913-1214) = 699 € | 40,47% | 1214*144= 174 816 € |
16 326 € | 8,36% | 181 € | (1913-(962+181)) = 770 € | 38,10% | (181*144) + 115440 = 141 504 € |
Opération sur 180 mois
Capital emprunté (1) | Taux avec assurance | Nouvelle mensualité | Gain en pouvoir d’achat | Nouveau ratio d’endettement | Nouveau coût de crédit |
109 168 € | 8,36% | 1076 € | (1913-1076) = 837 € | 35,90% | 1076*180= 344 340 € |
16 326 € | 8,36% | 160 € | (1913-(962+160)) =791 € | 37,40% | (160*180) + 115 440= 144 240 € |
(1) : capital restant dû de tous les prêts en cours + pénalités sur le crédit immobilier sur la base de 3% sur le KRD, soit : 90 138 € * 3% = 2704 €
Analyses du rachat d’un prêt immobilier
Les trois hypothèses démontrent que l’intégration du prêt immobilier dans une opération de restructuration n’est par intéressante. En effet, les taux de rachat de crédit sur des durées longues de 10 à 15 ans sont particulièrement élevés tandis que dans notre exemple la différence entre la durée restante (10 ans) et la nouvelle n’est pas significative.
- Le gain en pouvoir d’achat est meilleur dans les deux premiers exemples en ne renégociant que les prêts à la consommation. Sur le troisième, la durée de 15 ans permet un léger gain si le prêt immobilier est réintégré mais pour un coût de crédit très important.
- L’impact sur le taux d’endettement est satisfaisant sur 15 ans, quoi qu’au dessus du maximum autorisé de 33%.
- En revanche, le coût total des emprunts explose littéralement dans l’hypothèse ou le prêt immo est réintégré. Sur 15 ans, on peut même imaginer que les établissements refuseraient de faire ce regroupement.
Notre préconisation
Une solution plus avantageuse consiste à renégocier les conditions du prêt immobilier en dehors de l’opération de rachat et sur une durée de 144 mois, ce qui permet d’obtenir les résultats suivants :
- Montant renégocié, pénalités incluses : 92 932 €
- Durée : 12 ans
- Taux de 3,36% avec assurance
La nouvelle mensualité (incluant 182 € de prêts conso renégociés) :797 € par mois, soit un gain en pouvoir d’achat de 934 € et un coût de crédit inférieur à celui d’origine soit 135 936 €.
Simuler son rachat de crédit sur long terme
Si vous envisagez une opération de restructuration, n’hésitez pas à effectuer une demande et à comparer toutes les offres. Quelques minutes suffisent pour remplir votre demande.